Patagonie et
Terre de Feu
Mars 2011La
Patagonie et la Terre de Feu couvrent
environ un quart de la superficie totale de
l'Argentine et du Chili, baignées par deux océans
et parcourues du nord au sud par l'épine dorsale
de la Cordillère des Andes. A l'est les immenses
plaines argentines, à l'ouest les côtes chiliennes
déchiquetées. En 2009, nous avons rendu compte de notre voyage au Perito Moreno (El Calafate) et au Fitz Roy (El Chalten) en Argentine et à Ushuaïa en Terre de Feu que vous pouvez revoir en suivant ce lien. En 2010, nous avons fait un long séjour à Chiloé et un voyage en cargo à travers les canaux patagoniques de Puerto Montt à Puerto Natales, randonné dans le Paine, vu rapidement Punta Arenas, tout au Chili, pour lesquels nous n'avons pas encore fait toutes les pages. Au passage en décembre 2010, nous avons fait la Péninsule Valdés sur l'Atlantique et San Carlos de Bariloche, la région des lacs qui est le nord andin de la Patagonie argentine, que vous pouvez voir en suivant ce lien Cette année, nous voulions aller à Puerto Williams, plus au sud dans l'île de Navarino (Chili), Parc National de Cabo de Horno, en passant par Ushuaïa, puis revenir par Punta Arenas sur le Détroit de Magellan. C'est le sujet de cette page. |
![]() Magellan |
H.M.S. Beagle
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Hernao de Magalhao,
noble portugais devenu espagnol pour les besoins
de la cause sous le nom de Magallanes,
découvre en 1520 une grande trouée dans le
continent qui deviendra le Détroit de Magellan.
Il observe un grand nombre de fumées indiquant la
présence de campements indigènes. Il baptisera
cette contrée du nom de Terre de Feu Après 37 jours de navigation périlleuse, il débouche sur une immense mer calme qu'il baptise Océan Pacifique. Il remonte le long des côtes du Chili puis plein ouest. Trois mois plus tard il découvre les premières terres de cet océan sans fin. Ce sont les Philippines. Il est tué en 1521 dans une banale escarmouche. Il n'a que 40 ans.. |
Le canal doit
son nom au navire britannique HMS Beagle
qui prit part à deux missions hydrographiques sur
les côtes méridionales de l'Amérique du Sud au
début du XIXe siècle.
Durant la première, sous la direction du chef d'escadre australien Philip Parker King, le commandant du Beagle, Pringle Stokes, se suicida et fut remplacé par le capitaine Robert Fitz Roy. La seconde, souvent appelée le Voyage du Beagle, est célèbre car le commandant FitzRoy emmena à son bord le scientifique Charles Darwin, lui donnant ainsi l'occasion de faire ses preuves en tant que naturaliste amateur. |
C'est notre second séjour ici.
Température inférieure à 5° et de la neige au
Glacier Martial qui domine la ville à 10 minutes
de taxi, et accès par un télésiège, puis une
petite marche sur les moraines à travers la forêt
de lengas.
Notre plaisir est intact, ville animée, colorée, multiples points de vue sur la rade et le Canal Beagle. Trois jours dans un bon hôtel bien chauffé au centre ville. Comme dans toute cette région, de la centolla à presque tous les repas, en salade froide, en gratin, en cannelloni. Rituel, aller chez Manu, jeune français, dont la cuisine a fait la renommée et un emplacement, au pied du glacier Martial, qui permet une vue magnifique sur la ville et la baie. Ville de 60.000 hts la plus australe, des musées, de belles boutiques, brasseries, restos, une promenade le long de la rade d'où nous voyons notre prochaine destination, l'Île de Navarino, au Chili de l'autre coté du Beagle. Une atmosphère de port du bout du monde. Touristique, mais pas gênant en cette fin de saison. Nous en profitons pour aller faire une randonnée dans le Parc National voisin, un sentier de 8 kms le long de la mer. USHUAÏA signifierait en langue Yamana "la baie profonde vers l'ouest". Nous avons déjà fait une page en 2009. Vidéo en plein
écran--->double-clic sur l'image.
Vidéo marche/arrêt--->simple-clic |
Puerto Williams,
nous avions beaucoup rêvé de cette bourgade
chilienne qui revendiquait le titre de ville
la plus australe du monde, même si à l'est de
l'île sur la route du Horn, une petite anse et un
hameau de pécheurs, Puerto Toro, est lui le port le
plus austral. Nous voulions faire de grandes
randonnées vers les Dientes et surtout essayer de
faire en voilier un tour du mythique Cap Horn, et
naviguer dans les canaux patagoniques, tout en
connaissant les difficultés dues au climat sous
ces latitudes. Nous savions que ce ne serait pas
l'accès facile de l'internationale Ushuaïa, ni
le confort de Punta
Arenas. Mais dans ce bout
du monde, les gens sont incroyablement gais et
ouverts. Nous avons résisté au froid pendant 15
jours, fait de belles randonnées dans des forêts
flamboyantes aux couleurs d'automne. Sur le cata
qui nous a fait traverser le canal nous avons
rencontré Christian
B., charmant et cultivé,
« ancien du Maroc » de surcroit, avec qui
nous avons fait les premiers 80 kms de route le
long du Canal Beagle en pick-up de location. Nous
avons rencontré Sylvie,
bretonne expatriée (1 an sur l'île), et ses amis
iliens (Sylvain,
apiculteur dans les Alpes de Haute-Provence, 2ème
séjour de 4 mois, de Leonor, professeur
d'arts plastiques au collège, Dina et José,
directeur de la Société de production
d'électricité sur l'île pour un séjour de 5 ans),
aidé à la fabrication d'un four expérimental pour
cuire de la faïence brute. Fait la connaissance de
Cristina
Calderón, la dernière représentante des Yagans,
parlant encore la langue de son peuple, auquel un
beau musée rend hommage. Notre resto favori était
le Onashaga,
dont la cuisinière nous faisait une cuisine
parfaite à la demande, et savait marier la centolla* comme
personne. À la fin de la page, vous avez une photo
de la centolla (pr centocha comme
dans le Rio de la Plata). Nos amis espagnols étaient prêts à nous emmener faire le tour de l'île de Horn sur leur voilier, mais nous n'avons pu trouvé une fenêtre météo de 4 jours. Peut-être aurions nous dû venir plus tôt dans la saison. Et nous avons choisi de partir sur Punta Arenas dans un petit avion qui a survolé la Tierra del Fuego pendant 1h30. (voir la carte). Nous ne regrettons
pas notre séjour, mais on reviendra au printemps
(novembre ou décembre). |
De notre coucou à
hélices, à perte de vue les paysages surprenants
d'une sombre beauté de la Tierra del Fuego
couronnes de montagnes enneigées, glaciers et
lacs, entrecoupés de bras de mer.
Splendide !! Au centre d'une région désolée, rocailleuse et désertique, coupée du reste du monde par la chaine montagneuse de la Cordillère, et par l'eau des canaux. Si bien que, comme Ushuaïa, elle fut d'abord une ville de garnison militaire et pénitentiaire. Puis idéalement placée sur le Détroit, profita de la "Ruée vers l'or" fin XIXe en Californie et devint une escale avantageuse pour les navires européens jusqu'à la mise en service du Canal de Panama (1914). Quand l'exploitation d'animaux sauvages (fourrures, peaux de phoques, de guanacos, plumes sauvages) et l'exploitation du bois de construction et de chauffage commença à baisser dans le dernier quart des années 1800, le gouverneur autorisa l'achat de 300 moutons de pure race aux Malouines. Ce fut le départ de l'élevage intensif (2 millions de têtes début XXe) et l'essor de la laine fit la fortune de la région. Ce fut le grand développement de la ville, construction de palais, édifices administratifs, Cathédrale, Opéra. Le pouvoir et la fortune fut partagée entre quelques grandes familles, Menendez l'Asturien, Nogueira le Portugais, Braun les Russes, tous associés dans les affaires et liés par mariage. Mauricio Braun épouse Josefina la fille de José Menendez, Sara Braun devient la seconde femme de José Nogueira et sa veuve 5 ans plus tard. Leurs palais témoignent de leur réussite. Leurs caveaux au cimetière aussi. On dit que l'extravagante tombe de José Menendez serait une réplique à échelle réduite du monument de Vittorio Emanuele à Rome. De nombreux immigrants, Anglais, Irlandais, Ecossais, Français, Allemands, Espagnols et Italiens fournirent le gros des bataillons d'entrepreneurs ou techniciens dans ces activités lucratives. Plus d'un tiers des 140.000 habitants de la ville serait d'origine croate. Leurs noms aussi sont inscrits sur les pierres tombales. Aujourd'hui c'est l'industrie du méthanol qui a pris la relève. De grandes zones industrielles et commerciales (zone franche), un centre ville actif et plaisant, le long de la mer. Quant à nous, nous apprécions le confort de ses hôtels, les bains chauds, la chaleur de ses restos, de ses brasseries, ses musées, Nous aimons flâner malgré le froid vif sur la Costanera au bord du mythique Détroit de Magellan, envahi de Cormorans impériaux, blancs et noirs. En arrivant, nous faisons ce qui est recommandé à tous les visiteurs, aller baiser le pouce du petit indien au pied de Magellan, statues plantées au milieu du square de la place principale, ce qui nous assure de revenir une prochaine fois. Le must est d'aller déguster une centolla* entière et nature dans le restaurant de l'Hôtel Nogueira, situé dans le Palacio Sara Braun. Nous l'avons consommée à toutes les sauces, en salade, en gratin, en ravioli, avec des pâtes, en beignets, à Ushuaïa et Puerto Williams, mais ici dans ce fastueux décor elle nous parait divine. Nous reviendrons. |
Des hommes vivaient en
Patagonie depuis environ 10.000 ans, mais
le développement de leurs cultures n'a pas
atteint celui des peuples vivants au Nord
de l'Amérique du Sud, sous les tropiques.
Ils ont développé la céramique, les
tissages, la taille de la pierre et du
bois, mais pas le stade ultime,
l'écriture. C'étaient essentiellement des
nomades, chasseurs/cueilleurs et des
pêcheurs qui devaient affronter des
climats rudes dans des régions à la fois
montagneuses et maritimes. Par contre
avant les Européens (années 1500), ils
n'ont pas eu à subir d'invasions, ni de
conflits de ressources, étant trop peu
nombreux et pauvres. Les peuples de Patagonie étaient les Tehuelches ou Aonikenks au nord et les Onas ou Selk'nams au sud qui subsistaient grâce à la chasse aux guanacos, dont ils portaient les peaux. Coté Pacifique, c'étaient les Alakalufes ou Kaweshkar qui vivaient dans les îles et les canaux de la Patagonie chilienne. et les Yagans ou Yamanas en Terre de Feu et dans les archipels d'îles du sud. Ils vivaient en partie sur leur canots et si ils portaient peu de vêtements, (peau de phoques) ils entretenaient en permanence leur feu pour se réchauffer d'abord et pour leur nourriture. Une incompréhension totale avec les premiers explorateurs et le peu d'importance que les colonisateurs attachaient à la région leur permit de continuer à vivre de façon traditionnelle jusqu'en 1840. Le Chili et l'Argentine favorisèrent alors l'immigration européenne et occupèrent les places stratégiques. Ils durent alors faire face aux divers colonisateurs et évangélistes. Aujourd'hui, si le nombre de représentants de ces peuples anciens de descendance pure et parlant les langues originelles est très faible, il semble que des associations à travers les musées essaient de retrouver et comprendre ce qui faisait l'originalité de leurs cultures. |
Antarctique ou
Antartica ou encore Antartida selon
la langue
Si on est à 100 km du Horn, on est à 1000 km de l'Antarctique et 4000 kms du pôle sud. On trouve de nombreux musées sur les expéditions scientifiques, la faune et le futur de cette région partagée entre de nombreux pays par un traité exemplaire de 1959, signé par 12 pays en 1961, et plus tard par une quarantaine de pays dans le but d'un développement scientifique du continent blanc... alors qu'elle était l'objet de toutes les convoitises et dont les deux riverains ont une part non négligeable comme le montre ces cartes du Chili qui a 62 % de son territoire sur le continent Antarctique et une longueur à terre totale du nord au sud de prés de 15.000 kms. Les Argentins ont fait de Ushuaïa la principale porte d'accès à l'Antarctique et Punta Arenas, capitale de la région Magallanes-Antartica, est la base de départ des expéditions scientifiques chiliennes vers le pôle sud.
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La Tierra del Fuego est une grande île (grande comme 2 fois la Belgique dont un tiers argentin), séparée du continent par le détroit de Magellan et dont le Canal Beagle la sépare des autres îles chiliennes, Navarino, Dawson, Darwin, et surtout les Wolasten, dont la plus extrème est le rocher du Horn qui donne son nom au fameux cap. |
Le Détroit de Magellan,
le Canal Beagle, et le Cap Horn ces trois passages
entre les 2 océans, seule route pendant des
siècles pour les navires, ont fait rêver des
générations de marins et pour cause, tempêtes et
ouragans en ont fait un cimetière de bateaux. Honneur à tous ces marins qui les ont affrontés avec des moyens dont nous n'avons même plus conscience. Pour le seul Cap Horn, plus de 800 naufrages et 10.000 morts. Un monument de 10 pièces métalliques en forme d'albatros de 7 m de haut sur le célèbre cap (406 m) leur est dédié. On a donné le nom de tous ces découvreurs et aventuriers, Magellan, Beagle (nom du bateau de Fitz Roy), Darwin, Drake, Hawkins, Cook, Bougainville et nombre d'inconnus, à ces îles et canaux du bout du monde. Sans omettre les peuples indigènes, qui y ont vécu et tiré leur nourriture pendant des milliers d'années |
Ce que nous avions projeté est
finalement reporté à une date ultérieure,
navigation sur le voilier Pic La Lune
d'Antonio et Sonia dans les canaux
patagoniques entre les îles Gordon, Darwin,
Stewart et Gilbert, ainsi qu'une croisière
jusqu'à l'île du Horn depuis Ushuaïa ou Puerto
Williams 200 milles nautiques environ, et 5
jours avec une bonne météo. |
Ressources
La
Patagonie et la Terre de Feu de Jac Forton (ed. Les
Guides Peuples du Monde)
Les Guides Lonely Planet
Wikipédia.fr
Les musées où les photos n'étaient pas
interdites.
Sur la route des extrêmes,
Terres australes 2018 52
min Comment l'homme
s'installe-t-il dans un biotope ? Comment
façonne-t-il son milieu pour l'embellir, le
faire fructifier, mais aussi le détruire en
l'exploitant jusqu'à épuisement ? Dans cet
épisode, Alfred de Montesquiou prend la route de
l'Antarctique, à la découverte des terres les
plus australes du monde : de la Patagonie à la
Terre de Feu jusqu'au cap Horn. Accompagné d'un
biologiste marin, il découvre que les baleines
et autres mammifères marins ont trouvé un
environnement favorable dans ces eaux isolées.
Dans une des îles de la Terre de Feu, entre
steppes et forêts, il rencontre la dernière
représentante du peuple yagan.
Les Mapuches pratiquent la transhumance en Patagonie depuis des siècles, bien avant l'arrivée des jésuites et les campagnes contre les populations indiennes, dont celle nommée "conquête du désert" entre 1878 et 1885. Si cette guerre a octroyé aux grands propriétaires terriens des millions d'hectares de terres, le système de transhumance ancestral a malgré tout survécu. Mais l'organisation sociale, productive et durable des familles nomades qui en vivent est aujourd'hui menacée par l'augmentation des propriétés privées et les exploitations massives d'hydrocarbures dans la région. Ce film suit l'une de ces migrations dans les Andes, entre l'Argentine et le Chili. Au sud de la cordillère des Andes s'étend, jusqu'aux portes de l'Antarctique, un royaume de glace où règne le puma. Trois mille kilomètres plus au nord, les régions de haute altitude, encerclées de volcans et parsemées de lacs toxiques, sont gouvernées par un oiseau de feu : le flamant rose. Des glaciers de Patagonie aux déserts de sel de Bolivie, comment ces deux mondes si différents cohabitent-ils le long d'une même chaîne de montagnes ? Comment ces deux espèces animales ont-elles pris possession de terres aussi hostiles. La Patagonie s'étire sur plus de 2 000 kilomètres, du Río Colorado au nord, au Cap Horn, la pointe australe du continent sud-américain. Découverte par Magellan il y a cinq siècles, elle reste l'une des régions les plus inhabitées de la planète. Ce territoire possède un extraordinaire patrimoine naturel partagé par l'Argentine et le Chili : forêts, volcans, lacs cristallins et une faune unique au monde. Ismaël Khelifa part à la rencontre de ceux qui ont choisi de dompter ces territoires sauvages. Au sommaire : «Le choix du bout du monde» - «Le rodéo au féminin» - «La mythique route 40» - «La gastronomie de Patagonie» - «Au coeur du glacier Perito Moreno» - «Le musée du bout du monde» |